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Le cinéma le Normandie a fait sa « Cannes »

la mythique caméra d'Edouard Sailly
la mythique caméra d’Edouard Sailly Crédit photo: Rolland Albani

Quoi de plus beau que passer une soirée en mode cinéma après un journée de boulot? mais ma soirée allait être d’un autre cinéma. Je reçois un coup de fil de mon ami Aboubakary Kofia qui m’informe de la tenue d’un vernissage d’un autre genre au cinéma le Normandie en présence du Ministre de la Culture lui-même. Je décide donc malgré la fatigue de me rendre au cinéma le Normandie muni de mon appareil photo afin d’aller vivre cette étrange vernissage.

Il est 18h30 quand j’arrive sur les lieux. La cour du cinéma est simplement décorée, mais riche en symbolique. Mon regard est tout de suite attiré par une caméra d’un autre époque exposée juste à l’entrée : « Mon Dieu ! » Me suis-je écrié ! Je n’en avais jamais vu de si près, j’ai voulu la toucher mais je me suis résigné, l’on ne me permettrait surement pas de toucher la Joconde. Je décide de faire quelques photos et de continuer mon repérage des lieux.

Une silhouette est apparue à l’entrée du cinéma, l’agitation du protocole m’a vite fait comprendre de qui il s’agissait : Monsieur le Ministre de la culture en personne. Il est le premier à arriver sur les lieux et le protocole s’est empressé de l’accompagner et de l’installer dans le bureau du Directeur Général du cinéma. Une brève conversation avec l’une des organisatrices en la personne de Mme Aché Coelo m’a vite fait prendre conscience de l’ampleur et de l’importance de ce qui allait avoir lieu au Normandie. « Nous allons faire notre Cannes » m’a dit Mme Ache Coelo tout en rigolant, là sur le coup je ne me suis pas rendu compte à quel point elle était pourtant sérieuse. Mais ça n’allait pas tarder.

Du jazz et un court métrage pour l’ouverture

Djim Rade, prestation Jazz
Djim Rade sur un air de Jazz
Crédit photo: Rolland Albani

La Cannes s’est ouverte sous un fond de Jazz, une proposition de Djim Rade qui m’a plongé avec beaucoup de plaisir dans les caressantes mélodies d’un Richard Bona le temps d’une soirée hyper privée à Douala. S’en est suivi un court métrage intitulé Ganoune qui a mis en lumière le processus de fabrication d’un foyer multifonction artisanal qui sert autant à la cuisson qu’à la grillade. Je n’aurai jamais imaginé que le processus de fabrication de cet outil était aussi complexe et physique au regard du vil prix auquel il est vendu.

Le coup de clap d’Issa Serge Coelo

Issa Serge Coelo disant son discours d'ouverture
Le mot d’ouverture d’Issa Coelo, DG du cinéma le Normandie
crédit photo: Rolland Albani

Le mot d’ouverture de M. Issa Serge Coelo, directeur général du cinéma le Normandie résonne encore dans ma tête à l’heure où j’écris ces lignes tellement il était cru, vrai et percutant. J’en suis resté ébahi ; je ne m’aurai jamais imaginé prêté autant d’attention à un discours tellement il était différent de ce qu’on nous sert souvent. Plus qu’un discours, c’était le plaidoyer d’un artiste, acteur de la culture qui n’a fait que ressortir le mal-être dont souffrent tous ses frères d’armes. « Nous sommes conscients, plus encore qu’hier, que la culture de l’analphabète, celle du villageois qui vient d’arriver en ville, celle de la peur, c’est cette culture qui nous domine aujourd’hui, qui nous dicte ses codes de conduite, ses codes vestimentaires, son impitoyable besoin de rester dans le moyen âge. (…)Cette culture nous en voulons pas, nous ne l’aimons pas, car elle ne correspond pas aux valeurs de l’homme tchadien (…) nous les artistes nous aimerons parfois avoir à la place d’un chèque en blanc, avoir un peu de considération, de réconfort, du respect. » La messe est dite dans cet extrait ; personnellement ce discours pourrait faire l’objet d’une thèse doctorale tellement il était riche. Après une douche aussi froide, il était temps de passer aux honneurs.

Le vernissage des héros du cinéma tchadien.

Aperçu du mur des réalisateurs
Aperçu du mur des réalisateurs
crédit photo: Rolland Albani
Visite des murs des acteurs de la culture
Le Ministre et sa suite plein d’émotions devant des visages qu’il connait pour la plupart. crédit photo: Rolland Albani

Le Ministre de la culture, en compagnie du DG du Normandie accompagnés des acteurs de la culture présents, sous la présentation de Mme Aché Coelo ont ouvert le vernissage par les cinéastes de la diaspora, où figurait en bonne place Pepiang Toufdy le réalisateur de Daymane Tours. Ensuite ce fut le tour des réalisateurs ; très nombreux pour tous les citer, mais des figures que je connais qui ressortaient du lot : Ismael Ben Chérif, Jansé Urbain, Issa Serge Coelo, Prosper Nadjilem, Aboubakary Kofia, Aché Coelo et bien sûr Mahamat Saleh Haroun, le ministre de la culture lui-même, etc.

Un arrêt obligé devant la mythique caméra du regretté pionnier du cinéma tchadien Edouard Sailly. D’ailleurs, une minute de silence a été respectée en hommage à tous ces hommes et femmes de cinéma qui nous ont quitté à l’instar du populaire Hassan Keiro. Le ministre et à suite ont passé en revu toutes les photos : les acteurs, les techniciens etc. on pouvait lire l’émotion sur le visage du Ministre qui, cinéaste lui-même connaît ou connaissait personnellement et surtout professionnellement la majorité des visages à l’honneur.

Le script du ministre Mahamat Saleh Haroun : primer et encourager les acteurs de la culture, célébrer le cinéma tchadien

Mahamat Saleh Haroun, Ministre de la Culture
Le mot du ministre de la culture.
crédit photo: Rolland Albani

Avant de passer à la dernière partie de notre Cannes, spontanément, le Ministre de la Culture a tenu à dire quelques mots à l’endroit des personnes présentes et plus particulièrement à l’endroit des hommes de culture. Il s’est dit très touché par le mot d’Issa Serge Coelo, et il a tenu même à insister sur l’essence même du rôle de l’artiste ; « (…) n’oubliez pas que les premiers artistes ont commencé par dire ce qui n’allait pas dans leur société, nous sommes là pour ça ; et quand je vois tous ses visages exposés je me dis que nous formons tous une famille (…) ». Mahamat Saleh Haroun a tenu à dire et à rappeler à tous que son fauteuil de ministre n’enlève rien à l’amour qu’il a pour le 7ème art et ce fauteuil ne saurait aucunement l’éloigner de ses frères d’armes, de ses compagnons de la galère. « A partir de cette année, tous les ans, pendant que le tapis rouge, le vrai est déroulé de l’autre côté de la méditerranée à Cannes, nous fêterons le cinéma tchadien, en reconnaissant ses membres. » 

Des attestations de reconnaissance en faveurs des acteurs du cinéma et de l’audiovisuel

Ngakoutou Déborah, recevant sa reconnaissance des mains du Ministre de la Culture
Ngakoutou Déborah, recevant sa reconnaissance. Crédit photo: Rolland Albani
Youssouf Djaoro et Mahamet Saleh Haroun
Youssouf Djaoro recevant sa reconnaissance.
crédit photo: Rolland Albani

Ce fut un moment riche en émotion tellement ce geste, aussi simple qu’il soit a rempli les heureux récipiendaires de joie et d’un sentiment de reconnaissance du travail abattu. Le ministre a tour à tour remis des attestations de reconnaissance à de nombreux acteurs du cinéma tchadien. A chaque fois, instantanément il rendait hommage à ces hommes et femmes avec lesquels il a pour la majorité travaillé. Des comédiens, des comédiennes, des régisseurs, des directeurs photo, des réalisateurs, tous les corps de métiers du 7ème art ont été primés. Des moments de partage, de nostalgie et d’émotions du ministre et de quelques récipiendaires ; Haikal Zakaria Ben Djibrine, Hadje Fatimé, Bichara Haroun, Youssouf Djaoro, Ngatoukou Deborah etc. Des attestations à titre posthume ont aussi été remises aux regrettés Hassan Keiro et Kalala Hissein Djibrine. Des hommes et des femmes que je l’espère je vous ferai découvrir dans d’autres billets.

Que retenir de cette Cannes à la tchadienne ?

Ce que je retiens de cette Cannes est tout d’abord la volonté d’un homme : le ministre de la culture Mahamat Saleh Haroun. Sa volonté de vouloir bouger les lignes, de remettre l’acteur culturel au cœur de la culture. Que son travail soit célébré, valorisé et reconnu. Je retiens le cri de joie poussé par Mme Ngatoukou Déborah avant de monter dans le véhicule qui allait la ramener dans son quotidien : « Enfin ce pays a reconnu que j’ai fait quelque chose pour lui ! ». Voilà une cérémonie modeste, sans strass et paillettes, qui n’a pas coûté aux organisateurs la peau des fesses mais dont la portée est inestimable. Pour une fois qu’un patron d’une république africaine a mis l’homme qu’il faut où il faut, espérons que ce dernier aura assez de temps pour poser les fondations d’une révolution culturelle qui nous fera oublier le coup de clapet que lui a magistralement asséné M. Issa Serge Coelo. Wait and see.

Culturellement votre.


#RegleeCommeElle c’est pas facile !

Campagne #RegleeCommeElle
crédit photo: Entreprendre l’Afrique

 

Les règles ! Hum ! Les fameuses règles ! Pas celles dont se servaient les maitres et maitresses pour terroriser mes doigts moi qui étais si nul en table de multiplication. Il s’agit d’autres règles, ces règles qui selon les règles de nature sont propres à la femme. Ces règles dont je connaissais que vaguement l’existence grâce aux cours de sciences naturelles du secondaire. Sans le savoir, ces règles là allaient être omniprésentes mais, leur signification allait évoluer avec moi.

Les règles de sortie

En plein cours, je suis en classe de 1ère A4 allemand. Une fille lève son doigt :

  • Monsieur, svp je peux sortir je suis indisposée?

Le prof la dévisage un instant ; elle a le visage froissé par le malaise et une main qui instinctivement se pose sur son bas ventre. Un prof de bonne foi ayant eu le temps de détecter les différents signaux que lui envoie l’élève lui accorde automatiquement la permission de sortir. Seulement, au fur et à mesure, quelques camarades masculins à l’esprit plus tordu que le mien vont répéter le même geste pour aller trainer dehors. Plus encore, quand cela vire à un défilé de filles qui entrent et sortent de la salle de classe, le prof prend une décision lourde de conséquences.

  • ça suffit ! plus personne ne sort !

Ces règles là, je ne m’en préoccupais pas, elles ne servaient à rien du tout sinon à permettre à certains camarades d’animer la galerie quand notre bien naïf prof d’anglais posait toujours la question qu’il ne fallait pas :

  • qu’est ce que tu as mademoiselle ?

Et là c’était fichu pour la fille, avant qu’elle ne puisse dire un mot, les réponses fusaient du fond de la salle de classe : « elle saigne ! Elle a tâché sa jupe ! Avortement difficile ! Elle a la diarrhée ! » Cela faisait rigoler toute la salle de classe ! Moi ça m’agaçait à la limite. Pour moi ce n’était pas important mais très vite j’allais découvrir à quel point je me suis trompé.

Les règles en retard

C’est quand tu es assis avec ton meilleur pote et qu’il a la tête dans les étoiles ; même un casier de bières n’arrive pas à le ramener sur terre. Il est préoccupé en fait car sa copine n’a pas encore vu ses règles. Ça devait arriver il y’a déjà une semaine mais où sont-elles passées ? Pourquoi prennent-elles autant de temps ? En fait il a enfreint une règle des règles : ne pas mettre leur régularité à l’épreuve par l’introduction d’objet irresponsable dans leur sanctuaire durant une période donnée sans protection. L’attente devient insupportable plus souvent pour le gars que pour la fille. Quand finalement elles finissent par arriver, le gars est tout joyeux ; qui aurait imaginé voir un gars aussi joyeux de voir ce sang spécial arriver ? Quoi qu’il en soit c’est aussi comme ça que ces règles peuvent dérégler la vie tranquille d’un gars qui se cherche.

  • Gars c’est bon! elle a vu ses règles Dieu merci! 

Moi aussi je suis passé par là et connaissant l’angoisse de cette attente, j’étais aussi heureux pour mon pote.

Les règles de panthère

En faisant mon entrée dans la république du piment dès l’université, j’ai déchanté. Les panthères  de nos capitales africaines, elles ont toujours des mouchoirs hygiéniques dans leur sac à main et ce n’est pas toujours pour couper le ruissellement de sueur sur leur visage ou sur leur entre-seins. Quand elle t’expose un problème d’argent et qu’elle débarque chez toi toute sexy, ne te fait pas d’illusion. Tu vas caresser la petite, embrasser la petite, ta température va grimper pendant que la panthère est sereine, elle t’accompagne même, rendant elle-même tes mains de plus en plus audacieuses,  jusqu’à ce que tu tombes sur ce paquet bien garni dont la consistance ne laisse planer aucun doute dans ta tête : elle a ses règles !  Au final elle aura ce qu’elle est venue chercher (l’argent) et toi t’auras rien de ce que tu espérais.

Combien je déteste ces règles là, il y’a quelques légendaires gars du quartier que j’entends souvent dire « gars j’ai enlevé les bêtises (allez savoir de quoi il parle) il n’y avait rien! moi je ne tombe plus dans le modèle là! ». Pour mon cas, j’ai jamais essayé, je digère seulement, modèle ou réalité? Les courageux savent. Toujours est-il que j’ai entendu certaines panthères souvent vanter les vertus des « leurs » règles là. Faut pas se leurrer pour autant? Ces règles là ne s’appliquent qu’aux pigeons. Quand une panthère a les règles naturelles, par opposition aux règles fictives et stratégiques, elle dit qu’elle est en congé technique.

Les règles de la rupture

 

femme pensive
crédit photo: shutterstock

Elles sont les plus douloureuses, les plus inattendues. Ce sont celles de la femme, qui se fait pointer du doigt à longueur de journée, par le voisinage, par sa belle-famille. Pourquoi n’a-t-elle pas d’enfants ? Que fait-elle avec notre fils ? Est-elle venue en mariage juste pour remplir les toilettes ? La femme-ci n’a-t-elle pas trempée ?  Ces mots qui sont dites sur elle, à son insu par les plus scrupuleux et c’est sans parler des regards plein de dédain et de mépris que lui jettent les membres de sa belle-famille. Cette femme déteste ses règles et en souffre énormément au plus profond même de sa chair. Ce qui hier étaient pour elle une preuve irréfutable de sa capacité à donner la vie devient aujourd’hui l’objet de toute ses interrogations, de toutes ses angoisses, de toutes ses inquiétudes.

 

Si je n’ai pas connu durant mon parcours les règles comme un sujet tabou dans mon entourage, il est des régions dans le monde où c’est encore un sujet tabou et dont les conséquences dépassent notre imagination. Rejoignez la campagne #RegleeCommeElle lancée par l’afroptimiste Sandrine Naguertiga et brisons la glace.


Top 5 des concerts les plus affluents à N’Djaména

Une seule ville : N’Djaména capitale du Tchad, un seul lieu : le mythique stade Idriss M. Ouya. Le Tchad a accueilli depuis 2013 (date de mon arrivée au Tchad) les artistes les plus demandés de la scène internationale hé oui ! Même si cela n’a pas toujours eu l’écho souhaité à l’international mais ça c’est une autre histoire. Place au classement :

1- Dj Arafat & Serge Beynaud : concert de lancement de la 3G+ d’Airtel Tchad : 50 000 personnes

Dj Arafat – concert de lancement 3G+ d’Airtel Tchad crédit photo: Rolland Albani

Le concert gratuit pour le lancement de la 3G+ d’Airtel Tchad avait pour tête d’affiche Dj Arafat & Serge Beynaud. L’on se demande encore comment Airtel Tchad a pu réunir ces deux dinosaures sur un même podium. Le pari était risqué et il a payé : une vague humaine jamais vu s’est abattue sur le stade Idriss Mahamat Ouya c’était le 11 octobre 2014. L’on se demande encore jusqu’à ce jour comment les organisateurs ont pu réaliser une telle prouesse.

2-  La Fouine : concert de lancement de la nouvelle charte de Tigo Live It, Love It : 35 000 personnes

La Fouine en prestation au Tchad   crédit photo: Rolland Albani

Le concert de l’artiste rappeur La Fouine a été l’événement le plus attendu en 2015. Une fois n’étant pas coutume, Tigo Tchad a décidé de mettre la barre très haute : La fouine en concert géant le 27 novembre 2015 à N’Djaména. L’estimation du public faite ici ne tient pas compte du public resté à l’extérieur du stade. Il faut dire que la sécurité a été débordée et a dû arrêter de laisser entrer les gens. Il a manqué aux bleus la stratégie de leurs rivaux rouge car, on aurait eu 100 000 personnes dans le stade.

3-  Maitre Gims : Concert Géant organisé par CMB-WARD : 25 000 personnes

Concert de Maitre Gims à N’Djaména
crédit photo: Rolland Albani

Après Dj Arafat et La Fouine, il ne fallait plus que le très plébiscité Maitre Gims pour mobiliser le public. Le 05 novembre 2016 Maitre Gims descend dans l’arène tchadienne. Pour un concert qui au départ était payant mais qui à la fin s’est vu offert gratuitement (mais tardivement) par les organisateurs ce qui explique qu’il n’y ait pas eu plus d’affluence. Cependant ce concert est resté dans les annales grâce à la logistique monstrueuse mise en place avec surtout deux écrans géants de 6m2 chacun. C’était une première au Tchad, cela a permis à tout le public de vivre le concert à fond.

4- Concert de lancement du nouveau concept #Allonseulement d’Airtel Tchad: 15 000 personnes

Concert #Allonseulement
crédit photo: Rolland Albani

Pour le lancement du concept #Allonseulement, Airtel Tchad décide de réunir 4 fantastiques sur la scène : Singuila, Fabregas, Eddy Kenzo et Maalhox le 19 décembre 2015. Un concert qui était annoncé comme une réponse des rouges aux bleus pour le concert de La Fouine un mois plus tôt. Seulement, ce concert a payé les frais des manquements de l’encadrement du public par les forces de sécurité durant le concert de La Fouine. Le public n’a pas répondu présent comme cela aurait du l’être. Un concert pourtant gratuit.

5-  Toofan, concert de clôture du 1er Salon International de l’Etudiant Africain : 15 000 personnes

Concert au Stade de Toofan
crédit photo: Rolland Albani

Le 24 février 2017, C’est le groupe Toofan qui est était sur le podium au Stade Idriss M. Ouya pour un concert qui au départ est annoncé payant. La décision de le faire gratuit est arrivée très tardivement. Raison de la faible affluence.

Il faut cependant noter qu’il y’a encore bien d’autres stars qui sont passés par le Tchad mais seulement, les évènements payants ne drainent pas tellement de monde. d’aucuns sont venus dans le cadre d’évènements très VIP aussi. Mais ils sont nombreux à avoir fouler le sol du Tchad: J. Martins, Flavour, Teeyah, Molare, Debordo Leekunfa, Franko, Dynastie le Tigre, Mani Bella, Lady Ponce, Coco Argentée, Miguelito, Kiff No Beat, Bana C4, Papa Wemba, Warren, Fanny J etc. Le Tchad petit à petit devient une destination évènementielle pour beaucoup d’artistes. il y’a de quoi être afroptimiste pour l’avenir.


Urban N’Djam 2017 : Quand la mode côtoie le hip hop au 235

 

Le 29 avril 2017, N’Djaména a connu un événement culturel d’un autre genre et c’était une première pour le Tchad. Un défilé de street wear agrémenté de prestations de rap et de streetdance. Le Urban N’Djam street édition.

A la base de cette initiative, deux jeunes demoiselles : Brigitte Tchanegue mannequin et actrice très connue du public tchadien et Pulchérie Koïbla, mannequin et top modèle cumulant à 1,92m. Elles ont pu bénéficier du soutien du Selesao Concept et du Selesao Restaurant Lounge, l’un des cadres les plus prolifiques en manifestations culturelles dans la capitale tchadienne.

Le pari était de réunir les mannequins, les artistes et danseurs hip hop et les créateurs de street wear autour d’une soirée afin d’attirer l’attention du public sur un mouvement en pleine gestation au Tchad.

L’esplanade du restaurant lounge Selesao a servi de cadre à cette manifestation, le public et les acteurs de la culture urbaine ont répondu présent à ce rendez-vous. Une lueur d’espoir pour des disciplines de la culture urbaine encore dans leurs balbutiements. D’où toute l’importance pour moi à travers mon objectif photo de contribuer à mettre en lumière cette initiative louable.


Festival Leil Tal Noudjoum, la mascarade.

J’aurai aimé que ma première dictée culturelle ait un goût sucré mais malheureusement ce ne sera pas le cas parce qu’elle porte sur ces promoteurs d’évènements culturels qui émergent de partout depuis un certain temps ici au Tchad. Bien! Prenez vos stylos et marquez dictée : Festival Leil Tal Noudjoum, la mascarade.

Le festival Leil Tal Noudjoum fait parti de ces festivals qui ont été enfantés dans le rêve de leurs promoteurs de caresser la visiblement très généreuse main du 1er Patron ou de la 1ère patronne du Tchad. Ces festivals sont reconnaissables à travers une formule magique très à la mode : « sous le haut parrainage de… ». Apparemment cette formule aurait le pouvoir de donner une crédibilité à l’événement et d’obliger les potentiels sponsors à mettre la main dans la poche, de peur d’aller à l’encontre d’une initiative ayant reçue l’onction présidentielle.

Seulement personne ne sait quand et comment l’onction présidentielle opère. Voici donc les promoteurs culturels très très républicains qui se retrouvent parfois en mauvaise posture et ce qui au départ devrait être un moyen d’attirer les faveurs des patrons de la République vire à la mascarade pour sauver la face.

La 1ère édition du Festival Leil Tal Noudjoum (1er au 02 mai 2015) avait déjà laissé un goût amer à la majorité des artistes et prestataires qui ont donné en énergie et en temps pour ce festival : des cachets payés de moitié d’une part et des factures pas payées carrément d’autre, personne n’aurait misé sur le fait que la promotrice pourrait récidiver, sauf elle-même apparemment. Nous Voici donc deux ans plus tard, elle remet ça. Le festival est annoncé les 05 et 06 mai 2017 avec comme tête d’affiche l’artiste nigériane Chidinma et le groupe ivoirien Révolution. En découvrant l’affiche sur les réseaux sociaux, j’ai éclaté de rire: « encore elle ? » me suis-je dit. En regardant la liste des artistes qui figurent sur l’affiche, seul le groupe D6bel était présent à la précédente édition, peut-être ont-il été entièrement payés la dernière fois.

La première alerte retentit à l’arrivée du groupe Révolution à N’Djaména : ils sont six et voilà seulement 3 chambres ont été réservées. Un problème minime qui peut se résoudre facilement. Mon attention était porté ailleurs : où est Chidinma ? L’artiste la plus attendue de ce festival ? Réponses vagues et au conditionnel des sources proches de l’organisation ; cachet pas encore totalement réglé etc. etc. Un tour rapide sur les comptes officiels de Chidinma m’a fait comprendre qu’elle ne viendra pas ; pas un seul post sur sa présence qui devrait pourtant être sa première sur le sol tchadien. Seulement, durant la conférence de presse donnée par les organisateurs rien n’est dit à ce sujet, non plus sur le compte Facebook du festival.

La soirée du 05 mai au Palais du 15 janvier semble bondée de monde même si c’est en majorité des employés directs et indirects des patrons de République sur qui on a surement fait planer le spectre de la probable présence de la 1ère patronne du Tchad. Un stratagème qui marche très bien. Le haut parrainage a cette force là. Le public est au rendez-vous, richement vêtu, tout souriant. Il y’a des discours, des remises de cadeaux, des prestations d’artistes, c’est la nuit des stars, c’est la spéciale fête des mères. Visiblement, le festival est une réussite.

Deuxième alerte : le concert au stade est annulé, certains prestataires qui avaient déjà mobilisés personnes et ressources se voient simplement dire de plier bagages sans aucun dédommagement. Devrai-je être désolé pour le public qui allait massivement et sereinement se déplacer pour le stade sans l’intention de débourser un radis pour le concert ? Tout en étant confiant d’assister néanmoins à ce concert ? J’hésite.

Selon le dictionnaire, un festival est un ensemble de manifestations artistiques (musique, cinéma, théâtre etc.) qui ont lieu périodiquement dans un endroit déterminé. Cette définition ne s’apparente pas vraiment à ce qui se passe ici, mais nous y reviendrons dans d’autres billets promis ! Le constat est que les promoteurs très très républicains tchadiens prennent de la culture pour alibi soit pour entrer ou pour exister dans le milieu très sélect et fermé des employés VIP de la République. Seulement, la victime principale de leur mascarade est la culture elle-même. Le non respect des engagements pris auprès des artistes locaux, les abus de confiance à l’endroit des prestataires, et surtout cette mauvaise presse qu’ils font à la culture tchadienne à l’international. Ça devient récurrent de voir un artiste international en tête d’affiche sur les prospectus d’événement et qu’à l’arrivée on ne le voit pas sur le sol tchadien. On se souvient encore de la vidéo de l’artiste ivoirienne Josey démentant sa présence à un festival au Tchad. Que dire des sponsors de tels événements? Quel bénéfice image tirent-ils de telle manifestation? Quel capital sympathie engrangent-ils auprès du public? Apparemment ces interrogations n’ont pas leur place. Pour certains la minute qui leur ait accordée sur le podium de la célébration, sous les feux des projecteurs et des caméras suffit largement à faire leur bonheur.

Quand on sait que la culture est la première ouverture d’un pays au monde et que les opinions internationales se forgent souvent à travers l’image culturelle que véhicule un pays, on ne peut qu’avoir les larmes aux yeux. Et le pire de tout ça est que toute cette mascarade se fait « sous le haut patronage de… »

Je pense qu’il serait temps que les autorités compétentes mettent en place des mécanismes de contrôle  afin de vérifier la capacité des promoteurs très très républicains à remplir les missions qu’ils se donnent eux-mêmes à travers leurs événements culturels entre autre se dorer le blason et permettre aux patrons de tirer un bénéfice image de leurs actions. Point final.