Avons-nous capitalisé sur la censure des réseaux sociaux au Tchad ?

Article : Avons-nous capitalisé sur la censure des réseaux sociaux au Tchad ?
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21 janvier 2019

Avons-nous capitalisé sur la censure des réseaux sociaux au Tchad ?

Le 19 janvier 2019, une campagne de protestation de grande envergure a été lancée contre la censure des réseaux sociaux au Tchad via la page Facebook lève-toi pour internet avec les hashtags #Maalla_Gatétou #KeepItOn #Save_internet_Tchad. Pour rappel, les réseaux sociaux sont censurés au Tchad depuis mars 2018. 

Pour se connecter à Facebook ou Twitter, il faut utiliser un VPN, ce qui à une incidence importante sur la consommation de nos données, même si les sociétés de téléphonie mobile Airtel et Tigo Tchad nous ont surpris en baissant significativement le prix de la connexion internet. 1Go qui coûtait 12000 francs CFA (environ 18 euros) est passé à 1500 FCFA (environ 2,30 euros). Une pluie de giga-octets dont on a beaucoup de mal à profiter à cause de ce goulot d’étranglement qu’est la censure.

Pourquoi la censure des réseaux sociaux fait plus mal que le coût d’internet ?

Personnellement, j’avais plus un problème avec la cherté de l’internet sur laquelle j’avais déjà écrit un billet à lire ici. Curieusement, cette cherté d’internet n’a pas mobilisé autant que la censure des réseaux sociaux, une attitude qui m’interpelle au plus haut point. Dans notre attitude d’éternels consommateurs, nous nous plaignons de la censure des réseaux sociaux sans, pour la plupart, justifier en quoi elle est préjudiciable. Justifier serait même un peu trop facile mais c’est dans la démonstration que c’est pas ça ! On se serait attendu de voir grimper le trafic sur les sites internet tchadiens grâce à cette censure que non !

Qu’est ce qui a entraîné la censure des réseaux sociaux au Tchad ?
censure des réseaux sociaux
Affiche de campagne, via la page Facebook Lève-toi pour internet

Tout le monde veut voir derrière la censure des réseaux sociaux au Tchad la toute puissance de l’administration qui a décidé de censurer ce qu’elle n’arrive pas à contrôler. Oui, on veut tous voir derrière cette censure l’agenda caché d’un gouvernement de cacher la vérité, la réalité du Tchad au reste du monde. Regardons plus loin dans cette histoire; interrogeons la qualité de nos publications sur les réseaux sociaux (Facebook en particulier). Un constat que fait la majorité de ceux qui « monitorent » les réseaux sociaux est que nous publions plus de contenus négatifs que de contenus positifs. Ce qui n’a pas vraiment changé depuis la censure, au contraire les choses vont de pire en pire.

Un appel à plus de contenus positifs sur les réseaux sociaux

Oui, cette censure devrait nous rappeler qu’une utilisation saine et responsable des réseaux sociaux serait profitable à tous. Une diffusion de contenus positifs impacterait sur la vulgarisation de la culture et l’art tchadien, sur l’économie, l’attractivité touristique du Tchad, etc. L’activisme n’a jamais développé un pays ; il doit exister dans un ensemble. Cette censure est l’occasion de repenser notre manière de nous exprimer sur les réseaux sociaux. C’est aussi l’occasion pour nous de vraiment diffuser des contenus qui nous sont utiles et profitables en tant que jeunes.

Le contrôle et la censure devraient favoriser l’innovation

Nous savons tous que la Chine est un pays fermé aux réseaux sociaux ; ce que tout le monde entier condamne. Mais derrière cette mesure exceptionnelle du gouvernement chinois, les chinois se sont créés leurs propres réseaux sociaux et qui pour certains sont plus excellents que ceux qui leurs sont interdits. Pour ceux qui connaissent WeChat, c’est un réseau qui n’a rien à envier aux autres. On aurait souhaité voir depuis lors des jeunes créer un réseau social tchadien pour combler la censure.

Et si le gouvernement tchadien décidait de définitivement bloquer (et non plus censurer) les réseaux sociaux, quelles sont les alternatives sur lesquelles nous avons commencer à travailler ? Voilà une interrogation qui mérite toute notre attention, même si personne ne souhaite voir cela arriver. C’est l’occasion pour nous tous producteurs de contenus de nous remettre en question. A ce que je sache Google, Wikipédia et les e-mails sont toujours accessibles.

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