Plaidoyer pour l’internet moins cher au Tchad
Chers Airtel Tchad et Tigo Tchad*, je viens par la présente auprès de votre haute responsabilité citoyenne solliciter un forfait internet qui puisse nous permettre jeunes entrepreneurs, blogueurs, youtubeurs, étudiants de pouvoir participer aux échanges avec le monde entier car pour le moment, nous recevons plus que nous ne donnons.
Nous importons plus que que nous n’exportons
En fait, nos connexions internet sont à l’image même de la plupart de nos économies en Afrique centrale : nous importons (download) plus que nous n’exportons (Upload). Les connexions qui nous sont accessibles sont configurées d’ailleurs à ce dessein car il est plus facile et plus bénéfique de recevoir que d’envoyer. Dans pareilles conditions qu’attendez-vous de l’avenir ? Ne seriez-vous pas les premiers bénéficiaires de l’économie numérique ? En fait je pense que vous avez plus à gagner qu’à perdre à rendre l’internet moins cher et accessible à la jeunesse.
Internet est un boulet à nos pieds quand ailleurs il est l’accélérateur
Vous soutenez, chacun à sa manière des initiatives d’entrepreneuriat digital et numérique depuis plusieurs années mais où en sont les fruits ? Les échanges les plus productifs et les plus fertiles se font aujourd’hui via les formats audiovisuels qui consomment énormément de data. D’ailleurs l’évolution incessante des téléphones sont là pour nous le rappeler. Que peut faire un jeune entrepreneur numérique, un étudiant, un blogueur, un web journaliste avec 1Go d’internet qui lui coûte 12 000frs CFA ? Surtout lorsqu’il doit envoyer des informations ? Ce coût élevé de l’internet est un boulet que nous traînons à nos jambes et qui nous maintient dans les bas fonds de l’économie numérique.
Le rêve africain est lié à l’économie numérique
Je suis conscient des pressions fiscales que vous subissez mais je refuse que ce soit le prétexte pour laisser tomber la jeunesse tchadienne. Savez-vous que le rêve africain aujourd’hui du moins celui de voir un fils de pauvre devenir riche se construit autour de l’économie numérique et de la culture ? Nous ne regrettons pas la disparition de vos concerts géants car ils ne servaient qu’à downloader les artistes internationaux ici et à uploader de l’argent dans leurs poches. Ce que nous voulons aujourd’hui c’est un forfait qui nous permettent d’uploader l’économie et la culture tchadienne vers l’extérieur. Vous savez bien que nous les jeunes nous n’avons aucune emprise sur nos économies régaliennes d’exploitation des ressources naturelles. L’économie numérique et culturelle sont les rares voire les seules où nous pouvons exploiter souverainement notre ressource intellectuelle.
NON ! Internet n’est pas l’accès aux réseaux sociaux
Même si l’effet de masse vous fait croire que l’internet chez les jeunes se limite à l’accès à Facebook, Snapchat ou Instagram, il y’a une jeunesse consciente qui a s’exprime à travers les réseaux et des plateformes professionnels. Malheureusement, leur expression est limitée à cause de la difficulté de production et de mise en ligne de contenus. Devrai-je vous dire que d’une certaine façon la jeunesse la plus positivement productive est la jeunesse prolétarienne ? Comment partage-t-elle ses productions qui sont d’utilité publique ? Et que dire dont de la culture ? Comment peut-elle évoluer, s’exporter ? Se pérenniser ? Exceller ? Si elle reste coincée derrière les barrières douanières d’internet ? Les réseaux sociaux sont incontournables dans l’économie numérique mais en amont il y’a la production et le partage des contenus qui sont des actions d’uploading et quand une connexion d’1Go vous propose 600kb/s en download et 55kb/s en upload vous comprenez tout de suite que mettre 100Mo en ligne est un concours de patience et qu’1Go de data ne suffira surement pas pour cet exercice…
Que dois faire le jeune étudiant qui veut suivre une formation en ligne ? L’entrepreneur numérique qui doit publier ses contenus ? L’artiste qui doit mettre ses œuvres en ligne ? Comment se déploie la presse en ligne ? Cette presse qui est la presse de l’avenir qui est encore certes à ses balbutiements au Tchad car elle ne rapporte pas encore, comment va-t-elle à l’assaut de la concurrence régionale ? Internationale ? La compétitivité de l’économique numérique rime avec qualité et rapidité de disponibilité des contenus. La qualité des contenus rime avec haute définition ; haute définition rime avec haut débit. Je m’arrête là.
Pensez-nous un forfait qui encourage le travail et l’abnégation.
Si vous nous proposez des forfaits illimitées à haut débit par exemple 10Go de data à 1000frs entre minuit et 6h, vous contribuerez à rendre la société et la jeunesse meilleure. Tous les jeunes qui bossent vraiment ne démentiront pas si je dis que c’est l’intervalle d’heures où l’on est le plus productif. Un intervalle d’heures qui aura le mérite d’arracher des jeunes des mondanités nocturnes et à forger chez d’autres l’abnégation et l’endurance. Cela vous permettra aussi d’engranger un capital sympathie auprès de la jeunesse jadis entretenu par des concerts géants. Permettez aussi à la jeunesse tchadienne de faire sa révolution numérique. Ne laissez pas la jeunesse tchadienne vous rendre coupable de sa probable léthargie, mettez la face à ses responsabilités, face à son destin.
Dans l’attente d’une suite que j’espère favorable, je vous prie Messieurs Airtel et Tigo, de bien vouloir croire en l’expression de ma plus profonde sincérité.
*Les deux principaux opérateurs téléphoniques au Tchad.
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