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Quelle est la valeur d’un like sur les réseaux sociaux ?

Cela fait plusieurs années que les réseaux sociaux font de plus en plus partie de notre quotidien, ils nous influencent à bien des niveaux dans notre manière d’être, de vivre, de communiquer avec l’autre et la société, etc. La question que je veux me poser aujourd’hui est de savoir quelle est désormais notre valeur dans ce monde digital ? A quoi est désormais réduite notre parole, notre opinion ?

Mon interrogation est née de la considération que nous accordons aux « like » lorsque nous faisons une publication sur un réseau social (Facebook, Instagram, Twitter, etc.) La course aux « like » est telle que nous oublions par moment de s’interroger sur la qualité de la personne qui se cache derrière un « j’aime ». Nous réduisons tout le monde et n’importe qui à un chiffre, une statistique. Une publication qui récolte 1000 « like » nous faisant plus plaisir qu’une autre n’en récoltant que 10, mais est-ce vraiment une façon intelligente d’appréhender les « j’aime » ?

Perdre sa personnalité, sa qualification au profit d’un « like »

Qui se cache derrière une like? – Credit photo: Shutterstock

Voilà ce à quoi nous faisons face désormais sur les réseaux sociaux, lorsqu’un visiteur parcourt un  profil, on ne s’attarde que sur le nombre de « like » sur telles ou telles publications. Les publications ayant le plus de « j’aime » sont celles qui seront prises en compte dans l’opinion que nous nous ferons de la personne derrière le profil. C’est le nombre de « like » qui guide notre regard de visite d’un profil, au risque de nous faire outrepasser des choses plus intéressantes qui peut-être sont des publications ciblées.

Chercher à savoir qui se cache derrière un « like » pour se faire une véritable opinion

La plupart du temps, après avoir fait une publication, on revient dessus pour voir à combien de « like » nous en sommes et non pour savoir qui a aimé la publication en question. Normalement, pour tout utilisateur averti des réseaux sociaux, la démarche devrait être plus approfondie : les « j’aime » des amis et connaissances ont-ils la même valeur que le « j’aime » d’un producteur de musique sur la publication d’une musique de l’artiste que je suis ? Notre opinion doit se faire sur la qualité de la personne derrière un « like » et non du nombre de « like ». Il y a bien des personnes dont le ‘ »j’aime » vaut bien mille autres.

Nous ne sommes pas tous des produits de grande consommation pour nous réduire à une statistique de « like »

Comment interpréter les like?
Comment interpréter réellement les like? crédit photo: Shutterstock

En ce qui me concerne, le nombre de « like » sur mes publications n’est pas le plus important, mais plutôt qui sont ceux qui aiment mes publications. Si je me considère comme un produit sélect, et ciblé, ce serait une erreur d’avoir un regard quantitatif sur mes publications. Mon regard sera plutôt qualitatif, car c’est là où se situe mon véritable challenge. Attirer et fidéliser un type de followers bien défini. Malheureusement, c’est l’appréciation quantitative qui crée les pseudo-influenceurs web qui prolifèrent sur nos réseaux sociaux.

Donc, à ceux qui me disent tout le temps « les gens n’aiment même pas tes publications et tu es toujours là à publier des choses bizarres », je leur réponds simplement que je préfèrent obtenir 10 « like » de directeurs, ingénieurs que d’en récolter 100 de mes amis du quartier. Je préfère me faire une réputation à travers des publications pertinentes dont la quintessence ne sera saisie que par une certaine élite, que de récolter 1000 j’aime avec le copier-coller des blagues à Toto.


Saomagazine.com, un nouveau magazine culturel pour le Tchad

Comme une justification de l’absence surement remarquée de mes dictées depuis un certain temps, je viens vous présenter la raison fondamentale. Il était question pour moi de finaliser le projet saomagazine.com, en gestation depuis deux ans et dont les contractions devenaient de plus en plus insistantes. En fait au fil du temps et au contact de certaines réalités propres au Tchad, le projet a évolué, a muté, à même changer de sexe par moment pour à la fin donner naissance à une entité androgyne, à cheval entre l’idée de départ et celle d’arrivée.

Saomagazine, un magazine plutôt qu’un portail culturel

Au départ, nous voulions d’un portail culturel, avec un large éventail de ressources et de services accessibles aux acteurs culturels tchadiens qui leur seraient utiles et bénéfiques. Seulement voilà, le portail aurait nécessité préalablement un énorme travail de collecte de données que nous avons commencé bien sûr. Mais, comment faire lorsque 75% des données collectées ne sont que de source orale ? Aucun support physique n’existant pour être numérisé ? Telle est la première équation compliquée qui s’est imposée à nous.

En plus de cela, un portail culturel est avant tout un espace communautaire, où toute une communauté s’implique pour renflouer le portail d’informations utiles. Ce qui implique l’implication des acteurs culturels à s’enregistrer sur le portail, à créer des espaces personnalisés et aussi les alimenter, une tâche à laquelle ils ne sont pas prêts à consacrer du temps ici au Tchad.

Déjà, peu d’entre eux trouvent le temps pour simplement alimenter un compte Facebook, comment pourront-ils alimenter un portail culturel ? Disposons-nous (la team saomagazine) des ressources nécessaires pour parcourir les 1,284 million km² du Tchad pour collecter les données du patrimoine culturel tchadien ? Le temps nous le dira.

Saomagazine.com est un point de départ, une éprouvette de la culture tchadienne.

conférence de presse du lancement officiel

C’est donc armé de beaucoup de volonté et riche des expériences passées que nous avons décidé de mettre la culture tchadienne dans une éprouvette du laboratoire numérique et digital. Il faut commencer, oui il faut bien commencer à un moment, et c’est ce que nous avons décidé de faire. En exploitant les données passées que nous disposons chacun dans nos bibliothèques numériques et en continuant de récolter des données du présent, en se préparant pour celles futures. Nous maximisons sur les volontés qui se manifestent, nous suscitons la curiosité des artistes, nous les incitons à se débarrasser de ses vieilles habitudes à la peau très dure afin de nous donner matière à promouvoir, à pérenniser et à vulgariser.

Saomagazine.com fait et fera son chemin loin des actualités politico-religieuses.

Saomagazine.com ne traite ni de politique, ni de religion. Nous pensons qu’il existe à ce jour suffisamment de sites internet qui traitent à longueur de journée, chacun selon ses accointances de ses sujets. Il existait un vide dans le traitement et la vulgarisation de la culture et de l’art tchadien à l’échelle de tout un site internet qui y est totalement et exclusivement consacré. La nature ayant horreur du vide, voici donc saomagazine.com qui se positionne.

Cultiver le monde sur le Tchad, cultiver le Tchad sur le monde, telle est notre mission

Je ne cesserai jamais de le répéter, la culture est le premier levier de développement d’une société. La culture est la porte d’entrée d’un pays, le miroir via lequel autrui nous regarde et nous apprécie. En l’absence de culture, de culture propre à notre identité, on se perd dans les influences culturelles venues d’ailleurs, qui se bousculent à nos portes à travers l’internet et la télévision.

Nous allons aussi présenter notre culture au monde, afin qu’il sache que le sao n’est pas seulement le guerrier de l’Afrique, mais aussi un homme de culture. La tâche ne sera pas facile tout simplement déjà à cause d’1Go d’internet qui coute 12 000 FCFA (pour nous qui parions beaucoup sur du contenu vidéo) et ensuite parce qu’il faut bousculer les artistes dans leurs habitudes. Mais nous sommes confiants. visitez www.saomagazine.com et rendez-vous aussi sur les comptes Facebook, Twitter, Instagram et Youtube et découvrez un autre Tchad.

Culturellement votre


Les panthères tchadiennes des réseaux sociaux

Pour ceux qui suivent l’actualité PPP (People Panthère Piment) des réseaux sociaux, ils ont sûrement constaté la montée en puissance des stars virales peu ordinaires sur les réseaux sociaux. Elles sont jeunes, parties de rien, avec pour seul atout leur physique. Notre bienveillant Seigneur n’a pas fait dans la dentelle pour certaines en les façonnant à l’imagination de nos aspirations libidinales. Il s’agit de filles qui assument pleinement le fait que leur image soit étroitement liée au piment(1) et qui en tirent le maximum de gain possible. Je vais vous expliquer qui sont ces PPP.

Coco Emilia, la jetseteuse camerounaise qui ne mâche pas ses mots.

Qui ne sait pas qui est  Nathalie Koah, Coco Emelia ou encore Eudoxie Yao? Elles sont la parfaite illustration de ce phénomène. Elles sont suivies par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux. Elles sont des panthères parce-que « mangeuses » de l’élite masculine, il faut avoir un compte bancaire bien fourni pour les approcher. Elles vendent le piment, selon la croyance populaire, personne mais alors personne n’accepte que l’origine de leur patrimoine financier soit ailleurs qu’entre leurs jambes. En tout cas, force est de constater qu’elles sont là et font bouger les communautés autour d’elles.

Le phénomène des filles qui veulent devenir des stars virales sur les réseaux sociaux est en pleine expansion sur le continent et elles se donnent tous les moyens qu’il faut pour y parvenir. Le but est tout simple : avoir le maximum de « followers » à des fins commerciales bien sûr. La différence se fera sur la nature de la marchandise proposée. Pourquoi au 235(2) nous n’avons pas encore notre ambassadrice du piment ? La réponse se trouve dans plusieurs réalités propres au Tchad.

Les gros clients du piment pour la majorité sont des analphabètes du 2.0

Nathalie Koah, connue comme l’ex petite amie de Samuel Eto’o, auteure du roman « Revenge Porn ».

Pour ceux qui fréquentent les endroits de négoce de cette denrée très prisée qu’est le piment feront bien le constat que les gros clients ne sont pas jusqu’ici des adeptes du 2.0. Au contraire, ce sont de vrais analphabètes qui, malgré leur fortune financière restent les moins nantis du 2.0. Les vendeuses, en bonnes stratèges, ont dû s’adapter aux réalités du terrain. Un marketing de proximité dans les lieux de consommation du jus de houblon est plus efficace qu’une photo publiée sur Facebook ou Instagram.

Internet coûte très cher au Tchad

L’essence même de la vie en 2.0 c’est l’Internet. Quand 1GB d’internet coûte 12 000 francs CFA (presque 19 €) dans un pays où plus de 70% de la population vit avec moins d’1€ par jour, y’a vraiment de quoi décourager les candidates tchadiennes à l’immigration dans les pays Facebook, Instagram et Snapchat. Avec des connexions optimisées en 3G+ et 4G, il faut compter en moyenne 1GB d’internet par jour pour surfer sur les réseaux sociaux, soit 30Gb par mois, ce qui fait 360 000frs (presque 550 €) par mois. C’est cher payé pour un lieu où leurs bailleurs de fond ne sont mêmes pas présents. Le temps que la clientèle « s’androident », on gère d’abord ailleurs.

Nos panthères sont encore en cycle de professionnalisation

N’allez surtout pas croire que nous n’avons pas nos panthères ici, il s’agit quand même d’une élite produite par le métier le plus vieux au monde. Même si la société tchadienne reste fortement « coranisée et biblique »,  c’est rien face à la montée en puissance de l’Église digitale. Il y a ces jeunes filles, donc, pour la majorité diplômées mais chômeuses, proprios des téléphones dernier cri qui passent l’année entière à saturer les réseaux sociaux avec les selfies pris dans les hôtels et les plages dans le monde entier.

Elles se livrent entre elles une concurrence acharnée. Chacune essait d’aller toujours plus loin que celle qu’elle appelle hypocritement « sœur lem(3), chou lem ». Ne me demandez pas où elles obtiennent les financements de ces safaris couteux et inutiles, j’ai bien dit plus haut, que pour la majorité, elles sont chômeuses.

Faudrait-il commencer à s’inquiéter du phénomène ? Non pas du tout !

Eudoxie Yao – star virale ivoirienne aux formes renversantes: 350 000 followers sur Instagram.

Pas vraiment en tout cas, parce que jusqu’ici, la classe des filles qui se livrent à ce safari pimenté ne voient pas plus loin que la caméra de leur smartphone. Elles sont encore très loin de devenir des personnes influentes à 350 000 « followers » comme d’autres sur d’autres cieux. Leurs actions pour le moment sur les réseaux sociaux ne visent qu’à faire pâlir de jalousie leurs collègues. S’il faut s’inquiéter c’est pour elles-mêmes, car on s’imagine bien quel peut être le degré de soumission auquel elles font face pour bénéficier des millions de leurs riches donateurs. C’est aussi ça être une panthère, souffrir pour attraper une proie de choix. Nous sommes très loin de l’engouement observé au Cameroun voisin ou en Côte d’Ivoire.

Quoiqu’il en soit, lentement mais surement, le phénomène est entrain de prendre de l’ampleur au point de rendre toutes les fillettes issues des familles pauvres (et Dieu seul sait à quel point on peut être pauvre quand on l’est au 235) très friandes des véhicules de luxe. Bref, nous sommes sur la bonne voie, les selfies deviennent de plus en plus des « sexfies » avec des postures de plus en plus explicites. L’avenir est dans l’agriculture du piment et du djansang.

(1) Piment: nom à la mode et actuelle pour désigné le sexe féminin

(2) 235: indicatif téléphonique du Tchad, utilisé à la place de Tchad

(3) Soeur Lem: mélange de français et Ngambaye signifiant affectueusement « ma soeur »

(4)Djansang : Les amandes de ricinodendron épaississent facilement les sauces.


Face aux défis audiovisuels et cinématographiques du Tchad, l’APCA est créée.

Point de presse de l’APCA au cinéma le Normandie

L’on ne cessera de le répéter et de le constater; le paysage audiovisuel et cinématographique tchadien est à la traîne et souffre de maux exogènes et endogènes que les acteurs même du secteur  ne ratent pas une occasion de le déplorer et le rappeler à tous. Face au déficit et à l’inefficience du secteur, les acteurs du secteur se sont réunis une soirée d’août 2017, alors que le Tchad célébrait sa fête d’indépendance, l’Association des Professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel (APCA) naissait.

l’APCA, projet en gestation depuis plus de deux ans voit enfin le jour et annonce par un point de presse fait donné dans la salle de projection du cinéma le Normandie, le lancement de ses activités avec la présentation de l’association, de son bureau et de son plan d’action et projets pour 2017-2018. Un plan d’action dont les lignes directives sont les suivantes:

  • Identifier le champ du secteur du cinéma et de l’audiovisuel ;
  • Produire des films à un niveau professionnel de faisabilité ;
  • Sélectionner des scénarii pour participer à des ateliers d’écriture avec des scénaristes professionnels ;
  • Former aux métiers du cinéma (son ; image et lumière)
  • Organiser une journée de réflexion sur le cinéma tchadien ;
  • Organiser des séances de réflexion et d’échange sur le cinéma ;
  • Apporter un appui organisationnel et technique aux projets en cours de cinéma.

Face aux inquiétudes des acteurs et corps concernés du secteur de l’audiovisuel, l’APCA rassure mais reste prudente.

Les problèmes sont légion dans le secteur audiovisuel et cinématographique au Tchad, mais principalement, deux handicapes sortent du lots: le manque de professionnalisme et l’absence des financements. à la suite  de ces deux handicapes, découle tout un chapelet d’autres la rareté des productions et leur non-conformité aux normes internationales, l’absence des productions tchadiennes dans les festivals de cinéma à travers le monde, l’absence des productions tchadiennes sur les chaines de télévision internationales et panafricaines.

Quelles seront la qualité et la nature des relations de l’APCA avec les différentes institutions comme le BUDTRA (Bureau Tchadien des Droits d’Auteur)? avec les forces de maintien l’ordre avec lesquelles l’on rencontre la plupart du temps des frictions lorsqu’il s’agit de faire des prises de vues dans la ville? Quel sera l’apport du ministère de tutelle dans la bonne marche des actions de l’association? etc.

Face à ces interrogations, l’APCA rassure mais reste prudente: l’essor du cinéma et de l’audiovisuel tchadien est également corollaire à l’évolution et de l’adéquation des moeurs tradi-religieux tchadien à un secteur qui doit évoluer dans la compétitivité. La censure est encore bien dure dans le domaine et ne permet pas aux cinéastes d’aborder certains sujets socio-politiques ce qui est quand même très frustrant quand on sait que le cinéma est un art dans lequel l’engagement et l’éveil des consciences sont des pierres angulaires. Jusqu’où l’APCA pourrait-elle participer à faire bouger les lignes? L’avenir nous le dira.

L’Association des Professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel (APCA) veut peser dans la balance du marché audiovisuel.

Le Bureau des guerriers de l’audiovisuel et du cinéma

« Figurez-vous que le Tchad a fait appel à une maison de production sénégalaise pour la production d’un film promotionnel sur le Tchad de 13 minutes à diffuser lors de la rencontre du PND à Paris avec à la clé une facture de 46 millions de francs CFA » s’indigne Issa Serge, Chargé de Projets de l’APAC. Une révélation qui a choqué plus d’un dans le public venu nombreux au point de presse. Comment comprendre une telle chose? N’existe-t-il pas au Tchad des maisons de production capable d’offrir de telles prestations? L’on s’interroge… un exemple qui n’est en fait que l’arbre qui cache la forêt.

La création de l’APCA à ne point en douter répond à un besoin présent et pressant: quel est l’impact du Tchad dans le choc des cultures et des civilisations à travers la mondialisation? Comment le Tchad ira-t-il à la rencontre des autres cultures? devrait-il continuer à être envahi par les cultures et les moeurs des pays voisins? Finira-t-il phagocyter par les cultures importées qui lui arrive via l’internet et la télévision? Autant d’interrogations alarmantes qui ont décidé les acteurs du secteur audiovisuel à faire front commun et à conjuguer ensemble les efforts.

Au regard du paysage audiovisuel et cinématographique actuel, les défis et les chantiers qui attendent l’Association sont énormes mais les membres sont optimistes et rassurent ; ils sont suffisamment armés pour y faire face. Il ne reste plus qu’à attendre l’APCA au pied du mur car c’est là qu’on juge le maçon. Il faudra cependant faire preuve de patience pour voir constater les résultats à venir.

Audiovisuellement votre.


Ces attitudes qui n’aident pas les artistes tchadiens à évoluer

Le truc est très simple : les artistes tchadiens sont absents des scènes nationales car il faut qu’un artiste étranger soit là pour les y retrouver. Ne parlons même pas des scènes sous régionales, régionales et internationales. Ils n’y sont pas, une absence qui, apparemment n’en émeut pas grand monde pour autant.
Comment comprendre cela ? À l’heure où ailleurs on voit des jeunes sortir des bas-fonds des sous quartiers et se hisser au sommet du showbiz africain ? À qui revient la faute de cette étrange absence ? Aux artistes d’abord eux-mêmes bien sûr et ensuite à cet étrange public qui vit une musique mais qui publiquement semble inconditionnel de la musique tchadienne. Un drôle de paradoxe hein ? Parlons-en un peu.
Ces artistes qui ne savent pas s’apprécier
Quand un artiste commet un nouveau single ou un nouvel album, ce qui arrive une fois tous les deux ans pour la majorité, on assiste toujours et toujours à la même comédie. Ça commence par la publication dudit artiste sur les réseaux sociaux : il va vous annoncer le titre de l’année, et du siècle s’il n’a pas un peu de jugeote, c’est le titre qui va révolutionner la scène, qui va propulser la musique tchadienne sur le toit du monde (MDR ! gros LOL !)
A la suite de cela, va commencer le ballet des félicitations des autres artistes, des félicitations, des encouragements, « soutien total à toi bro ! » etc. etc. en réalité, ce sont des balivernes, de l’enfumage même. Très peu ont même d’ailleurs écouté la musique en question. En fait, ils ne font que se rendre les politesses, quand j’ai sorti ma part, il a fait pareil alors je fais pareil aussi. La conséquence est qu’aucun artiste ne subit la critique de ses collègues avant ou après la sortie d’une chanson. Bien malin l’artiste qui va s’amuser à critiquer (ouvertement) la musique d’un autre car la roue tourne.
Pour illustrer mes propos, il y’a un artiste qui a commis dernièrement un single accompagné d’un clip vidéo portant sur la magie du travail. Un morceau d’un certain calibre mais, malheureusement, au début dudit morceau, il a fait, en français en plus, une déclaration qui aux yeux du monde entier reviendrait à dire que la terre ne tourne pas autour du soleil. Hum ! Allons seulement !

Un public plein de paradoxes, il dit une chose, mais fait autre chose

Ne dit-on pas qu’on a public qu’on mérite ? C’est le cas des artistes tchadiens. Ils ont effectivement le public qu’il mérite. Comme ils ont décidé d’enfumer le public avec des productions approximatives, ce dernier lui rend aussi sa politesse en l’enfumant d’un pseudo soutien.

Prenez la playlist du smartphone d’un jeune tchadien, chez 1 sur 10, vous y trouverez un son tchadien, qui lui a sûrement été envoyé par WhatsApp mais qu’il n’a d’ailleurs jamais écouté. A la maison il est scotché aux chaines de musique internationales où les artistes tchadiens ne passent pas. Mais étrangement, sur les réseaux sociaux, pour surement faire l’intéressant, la majorité vous crieront leur amour du la musique du 235 qu’ils déclareront être leur opium, enfumage !
Le public est peut-être officiellement musicalement patriotique, mais officieusement réaliste et pour diverses raisons n’attend pas grand-chose de leurs artistes, mais néanmoins ne désespère pas. On ne sait jamais. Sérieusement on sait que l’international ce n’est pas pour demain. Finalement, les artistes se sont d’ailleurs détournés de ce mauvais public pour s’en remettre aux consommateurs de jus de maïs qu’ils sont allés rejoindre dans leurs chapelles.

Arrêtez donc d’être des ambulanciers, vous conduisez ainsi les artistes aux urgences !
« Wow! Wow! Wow! », « Le Tchad aussi », « 235 en force », « c’est le Tchad qui gagne » etc. etc. arrêtez de vous mentir à vous-mêmes ! Y’a pas de quoi déclencher les sirènes d’une ambulance à chaque fois que quelqu’un va nous pondre un morceau moyennement correct. Soyons modestes dans l’appréciation, ne faisons pas d’un chaton un lion quand même ! Ce sont nos amis qui se nourrissent au jus de maïs qui en paieront le prix fort à la fin.
L’enfumage des artistes de la diaspora
Soyons clairs, les artistes de la diaspora n’attendent rien, sincèrement rien du public tchadien. Le but est de se hisser au premier rang de la demande au Tchad et ainsi venir gagner des cachets conséquents au détriment même de leurs collègues locaux. Ils utilisent ce qui se font passer pour influenceurs web pour atteindre leurs objectifs ; objectif qui n’est en aucun cas le rayonnement de la musique tchadienne. Il s’agit purement et simplement de leur propre rayonnement. Quel est l’apport des artistes de la diaspora au rayonnement de la culture tchadienne locale ? Je vous laisse cette question, nous y répondrons dans un prochain billet.