Ces attitudes qui n’aident pas les artistes tchadiens à évoluer
Le truc est très simple : les artistes tchadiens sont absents des scènes nationales car il faut qu’un artiste étranger soit là pour les y retrouver. Ne parlons même pas des scènes sous régionales, régionales et internationales. Ils n’y sont pas, une absence qui, apparemment n’en émeut pas grand monde pour autant.
Comment comprendre cela ? À l’heure où ailleurs on voit des jeunes sortir des bas-fonds des sous quartiers et se hisser au sommet du showbiz africain ? À qui revient la faute de cette étrange absence ? Aux artistes d’abord eux-mêmes bien sûr et ensuite à cet étrange public qui vit une musique mais qui publiquement semble inconditionnel de la musique tchadienne. Un drôle de paradoxe hein ? Parlons-en un peu.
Ces artistes qui ne savent pas s’apprécier
Quand un artiste commet un nouveau single ou un nouvel album, ce qui arrive une fois tous les deux ans pour la majorité, on assiste toujours et toujours à la même comédie. Ça commence par la publication dudit artiste sur les réseaux sociaux : il va vous annoncer le titre de l’année, et du siècle s’il n’a pas un peu de jugeote, c’est le titre qui va révolutionner la scène, qui va propulser la musique tchadienne sur le toit du monde (MDR ! gros LOL !)
A la suite de cela, va commencer le ballet des félicitations des autres artistes, des félicitations, des encouragements, « soutien total à toi bro ! » etc. etc. en réalité, ce sont des balivernes, de l’enfumage même. Très peu ont même d’ailleurs écouté la musique en question. En fait, ils ne font que se rendre les politesses, quand j’ai sorti ma part, il a fait pareil alors je fais pareil aussi. La conséquence est qu’aucun artiste ne subit la critique de ses collègues avant ou après la sortie d’une chanson. Bien malin l’artiste qui va s’amuser à critiquer (ouvertement) la musique d’un autre car la roue tourne.
Pour illustrer mes propos, il y’a un artiste qui a commis dernièrement un single accompagné d’un clip vidéo portant sur la magie du travail. Un morceau d’un certain calibre mais, malheureusement, au début dudit morceau, il a fait, en français en plus, une déclaration qui aux yeux du monde entier reviendrait à dire que la terre ne tourne pas autour du soleil. Hum ! Allons seulement !
Un public plein de paradoxes, il dit une chose, mais fait autre chose
Ne dit-on pas qu’on a public qu’on mérite ? C’est le cas des artistes tchadiens. Ils ont effectivement le public qu’il mérite. Comme ils ont décidé d’enfumer le public avec des productions approximatives, ce dernier lui rend aussi sa politesse en l’enfumant d’un pseudo soutien.
Prenez la playlist du smartphone d’un jeune tchadien, chez 1 sur 10, vous y trouverez un son tchadien, qui lui a sûrement été envoyé par WhatsApp mais qu’il n’a d’ailleurs jamais écouté. A la maison il est scotché aux chaines de musique internationales où les artistes tchadiens ne passent pas. Mais étrangement, sur les réseaux sociaux, pour surement faire l’intéressant, la majorité vous crieront leur amour du la musique du 235 qu’ils déclareront être leur opium, enfumage !
Le public est peut-être officiellement musicalement patriotique, mais officieusement réaliste et pour diverses raisons n’attend pas grand-chose de leurs artistes, mais néanmoins ne désespère pas. On ne sait jamais. Sérieusement on sait que l’international ce n’est pas pour demain. Finalement, les artistes se sont d’ailleurs détournés de ce mauvais public pour s’en remettre aux consommateurs de jus de maïs qu’ils sont allés rejoindre dans leurs chapelles.
Arrêtez donc d’être des ambulanciers, vous conduisez ainsi les artistes aux urgences !
« Wow! Wow! Wow! », « Le Tchad aussi », « 235 en force », « c’est le Tchad qui gagne » etc. etc. arrêtez de vous mentir à vous-mêmes ! Y’a pas de quoi déclencher les sirènes d’une ambulance à chaque fois que quelqu’un va nous pondre un morceau moyennement correct. Soyons modestes dans l’appréciation, ne faisons pas d’un chaton un lion quand même ! Ce sont nos amis qui se nourrissent au jus de maïs qui en paieront le prix fort à la fin.
L’enfumage des artistes de la diaspora
Soyons clairs, les artistes de la diaspora n’attendent rien, sincèrement rien du public tchadien. Le but est de se hisser au premier rang de la demande au Tchad et ainsi venir gagner des cachets conséquents au détriment même de leurs collègues locaux. Ils utilisent ce qui se font passer pour influenceurs web pour atteindre leurs objectifs ; objectif qui n’est en aucun cas le rayonnement de la musique tchadienne. Il s’agit purement et simplement de leur propre rayonnement. Quel est l’apport des artistes de la diaspora au rayonnement de la culture tchadienne locale ? Je vous laisse cette question, nous y répondrons dans un prochain billet.
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