le challenge entre ciel et terre, anges et démons: Je suis dans l’eau

Article : le challenge entre ciel et terre, anges et démons: Je suis dans l’eau
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2 juin 2017

le challenge entre ciel et terre, anges et démons: Je suis dans l’eau

Depuis le 1er juin, il y’a une actualité qui retient l’attention de toute la webosphère camerounaise en particulier : la mystérieuse disparition d’un évêque camerounais qui a vite crée le buzz au point d’enfanter un challenge qui vient relayer les #BidoumChallenge et #MamaFoudaChallenge aux oubliettes. Un challenge à cheval entre la compassion des uns et le cynisme des autres, tout dépend de comment on perçoit la chose.

D’abord les faits : depuis le mercredi 31 mai 2017, le prélat est donné absent auprès de ses ouailles. Son véhicule retrouvé près du pont du fleuve Sanaga avec des indices clairement exposés laisse croire de prime à bord à un suicide. Sa pièce d’identité et surtout un mot sur un papier à l’effigie du prélat : « Je suis dans l’eau ». La toile s’est vite enflammée de cette actualité avec des photos du prélat et celle de l’intérieur de son véhicule ou l’on voit distinctement sa pièce d’identité et le mot supposé laissé par lui.

Ce qui retient mon attention c’est comment les différents personnages des réseaux sociaux ont réagi face au #JeSuisDanslEauChallenge qui a enflammé la toile. Chacun pour les raisons et les principes qui lui sont propres est allé de son appréciation. A l’analyse faite des différents mouvements de pensée et de positions qui circulent sur le web actuellement, il en ressort pour ma part quelques points pertinents que je me dois de mettre en lumière.

Je suis dans la foi

La foi, la colonne vertébrale de la religion. Cette supposée vertu qui exige de ceux qui en sont imprégnés de faire preuve d’une fidélité à toute épreuve à l’église productrice de cette foi. C’est la catégorie la plus sensible et la plus hostile à la tournure qu’a pris cette disparition. Pour eux, il n’est point tolérable de « rire » ou de tourner en dérision la disparition d’un être humain quel qu’il soit. Certains en appellent à la colère divine contre les ricaneurs et d’autres encore appellent le Seigneur à les pardonner car ils ne savent pas ce qu’ils font; comme l’a fait l’illustre Fils de Dieu alors que ses semblables s’employaient à le clouer sur une croix au Mont Golgotha.Y’en a-t-il parmi eux qui nourrissent secrètement l’espoir que le prélat ait marché sur les eaux comme son illustre maitre? Je ne saurai le dire.

Pour cette catégorie, peut importe les raisons de cette disparition ; suicide ? Meurtre maquillé ? Peut importe ! Il s’agit avant tout d’un homme et de sur quoi un homme de Dieu et d’une famille actuellement au désarroi. L’on devrait observer un minimum de respect pour cela.

Je suis dans la « joie »

Il s’agit d’une joie bien contenue cependant. Elle se détecte chez les ouailles de la concurrence sur le marché très concurrentiel de la chose religieuse. Les ouailles des nouvelles églises qui se réjouissent que pour une fois qu’il ne s’agit pas des prestations de leurs patrons qui sont en cause sur la toile. C’est vrai qu’on n’a vu presque personne proférer des insultes à l’endroit du prélat disparu, même si notre Maahlox national n’a pas manqué à ces habitudes sur cette actualité. Il faut dire que le commentaire et la critique de la chose religieuse sont proportionnels à la foi de tout chacun en son église. Bref, passons ! C’est de bonne guerre je crois et en plus cette situation est une opportunité pour les pasteurs d’arracher quelques clients à la concurrence.

Je suis dans le doute

Est-ce qu’un homme de Dieu peut-il se suicider ? Voilà la question qui tourmente tous les « sachants » des réseaux sociaux. L’enseignement de l’Eglise catholique condamne le suicide, apparemment cet acte conduit directement en enfer. « Si un évêque se suicide déjà nous autres ont va faire comment ? » s’interroge un autre facebookien. Beaucoup refuse de croire en un suicide et pour ma part je pense que c’est de cette conviction qu’est née le #JeSuisDanslEauChallenge comme un appel à la vigilance et à la recherche de la vérité.

Qui peut bien juger de l’intention qui se cache derrière une publication si ce n’est l’auteur lui même ? Quoi qu’il en soit tout ceux qui ont relevé le challenge sont depuis hier la cible des membres de l’agence des défenseurs de la morale et de l’éthique sur les réseaux sociaux. Où tous semblent bien d’accord c’est sur la remise en cause de la thèse la plus plausible que livrent les premiers indices.

Au Cameroun (comme presque partout en Afrique), on ne démissionne pas, on ne se suicide pas !

Dans les pays d’outre-mer, la démission est la punition que s’auto-inflige un responsable d’une structure publique ou privée qui a failli à sa mission. La décision peut venir de lui-même ou des forces supra hiérarchiques peuvent le pousser à la démission. Le suicide lui est un peu plus complexe car les raisons sont souvent diverses : dépressions mentales, déception, désespérance, désespoir etc. toujours est-il que ça rentre dans une certaine normalité là-bas.

Chez nous ne dit-on pas souvent que la honte a foutu le camp ? Quelques soient les frasques commis par un responsable, quelque soit la situation qu’on vit chez nous, on s’accroche à son fauteuil autant qu’on s’accroche à la vie. Qui est prêt à renoncer au poisson braisé bien pimenté accompagné d’une bière ? Personne ! Même après 33ans passés dans les bains de lait et les menus au caviar. D’ailleurs l’appétit ne vient-elle pas en mangeant ? L’envie de vivre ne vient-elle pas en vivant ?

 Je suis dans le challenge

Le challenge qui s’ouvre réellement par le biais de cette macabre affaire est bien plus profond que celui affiché à travers les multitudes de photos qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux. Pour certains politiciens, c’est l’occasion de s’interroger sur la série de disparition mystérieuse des membres de l’église catholique au fil du temps. Ils y voient la main cachée du pouvoir en place. Pour d’autres encore, les opposants aux religions importées, c’est l’occasion de sonner un fois de plus l’alarme afin que les africains retournent dans les forêts se réconcilier avec leurs vrais dieux.

Je suis dans l’attente

Au pays où le gouvernement est appelé la grande muette, au pays où les catastrophes, les hécatombes ont l’art de tomber dans les oubliettes, on se risque quand même à attendre. Beaucoup d’ailleurs sont surpris que le grand perroquet de la République n’est pas encore multiplié les conférences de presse. Bref, attendons voir ; il y’a le temps du maitre du temps, il y’a le temps de Dieu, il y’a le temps de Facebook. Pour ce qui est de Facebook, le temps de Koumateke Monique est passé, le temps d’Ibrahim Bello est passé, le temps du drame d’Eseka aussi est passé. Espérons que le temps de l’évêque ne passera pas si vite. Peut-être mes compatriotes de Yaoundé verront la cathédrale s’illuminer ce soir en bleu en hommage à l’évêque.

J’ai retrouvé pour vous une interview accordé par le disparu évêque à la télévision nationale camerounaise. vous pouvez la voir ici

Pour ceux qui ont raté les images du challenge, petit recap’ pour vous.

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Commentaires

Strauss-Kahn
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Eh bah dis donc...